Une femme d’exception, véritable héroïne d’Auschwitz !
Alma Rosé fait partie de ces femmes qui ont su garder altruisme et humanité dans un monde qui en était dépourvu.
La nature lui a donné force de caractère, talent et charisme et, parmi les horreurs des camps, elle a mis ces armes au service des autres pour préserver la vie d’un maximum de ses congénères.
Ce roman relate son passage à Auschwitz. Quelques biographies avaient déjà été écrites sur ce personnage hors du commun mais elles se contredisent sur certains points.
Ellie Midwood a choisi ici de suivre une certaine vision d’Alma et de romancer son existence en y incluant une histoire d’amour. Néanmoins, pour l’essentiel de son récit, elle se base sur des témoignages de déportées qui ont connu et côtoyé Alma durant cette période. Concernant la fin du roman, certains faits n’ont pas été élucidés ce qui a obligé l’autrice à prendre un parti pris qui est tout à fait cohérent et qui trouve sa place dans l’ensemble du roman.
Alma est violoniste à l’Orchestre Philarmonique de Vienne. Alors qu’elle donne une série de concerts, les nazis envahissent les Pays-Bas. Elle parvient à fuir en France mais sera arrêtée et déportée à Drancy puis Auschwitz.
Le matricule 50381 est vite repéré par l’une des chefs du camp, elle devient la cheffe d’orchestre du camp et par là même le kapo de son baraquement.
Durant ses 10 mois passés à Auschwitz Alma n’aura de cesse d’agrandir l’orchestre pour mettre à l’abri des kommandos extérieurs le maximum de femmes. Elle créera des postes sur mesure pour celles dont les talents de musiciennes ne sont pas à la hauteur et elle se battra pour n’abandonner aucune de ses « filles ».
Son charisme et son intelligence lui permettront d’obtenir des avantages pour elles toutes tels qu’un poêle pour se chauffer et cuisiner et ainsi améliorer leurs conditions de vie.
A Auschwitz, Alma de par son statut est quelque peu protégée. Elle est néanmoins confrontée à des actes répugnants, inhumains. Elle qui était habituée à vivre dans l’aisance va découvrir la fange de l’humanité, des individus sans coeur et sans esprit qui suivent aveuglément les idéaux les plus vils.
Pourtant elle noue aussi des amitiés sincères et fait l’objet de l’admiration et du respect de tous. Elle y découvre l’amour, un amour d’autant plus pur et puissant qu’on ne sait s’il aura le temps de s’épanouir et s’il y aura un après le camp pour Alma et Miklos.
Ellie Midwood rend dans ce roman un vibrant hommage à Alma Rose et à tous ceux et toutes celles qui ont traversé cette période sans se départir de leur humanité.
Elle y décrit aussi toute l’horreur des camps, les expérimentations médicales, le tri des hommes et de leurs minces bagages, les humiliations et la violence psychologique et physique, la propagande …
Ce roman est un témoignage poignant de la cruauté humaine mais il témoigne également de l’existence de millions de personnes juives, communistes, homosexuelles, résistantes … Tous ceux que les nazis ont voulu exterminer mais qui revivent sous la plume d’Ellie Midwood.
C’est un sujet fort et mille fois traité mais l’autrice l’aborde avec un ton juste et d’un point de vue neuf. Ce roman m’a énormément touchée et j’ai découvert le destin d’une femme exceptionnelle qui mérite que nous continuions à la faire vivre. Merci Ellie Midwood pour cette rencontre, vous êtes parvenue à décrire une Alma toute en nuances sans tomber dans les écueils qui guettaient, une femme forte, sensible et intelligente, une femme moderne et courageuse …